ALZHEIMER

ALZHEIMER ! ALZHEIMER ! Quand tu nous tiens…..

Je ne suis pas médecin, ni docteur, ni psychologue, je suis simplement zoothérapeute et je côtoie cette maladie tous les jours.

Cette maladie nous fait peur, nous terrorise et pourtant….

Ma première patiente et la plus merveilleuse a été ma belle-mère. Cette maladie s’est installée tout doucement, lorsque je lui rendais visite avec mon mari, elle nous racontait que son père était venu lui rendre visite. Pendant que son fils et son mari s’égosillait en lui criant qu’elle perdait la tête, que son père était mort depuis longtemps, je voyais le visage de ma belle-mère s’étirait, se tordre, elle n’admettait pas qu’on la prenne pour une menteuse, elle renchérissait : «  si je te dis qu’il est venu, il est venu ! ».

Je savais que j’allais me mettre la famille à dos, mais je pris le risque, tant pis : «  Ah bon ???? Votre père est venu aujourd’hui, et que vous a-t-il dit ??? » - « Rien ??? Il m’a aidé à faire la vaisselle ». Inutile de vous dire comment ont réagi mon beau-père et mon mari en entendant cette histoire, tandis que moi, je préférais rentrer dans son jeu.

La mémoire de ma belle-mère a commencé son compte à rebours, elle s’est arrêtée à une époque de sa vie qui la marquée. J’ai alors compris qu’elle ne reviendrait plus dans notre monde, il fallait au contraire rentrer dans le sien. J’ai pris cela comme un jeu. Je ne dis pas que c’est facile, venir rendre visite à sa femme, sa mère, sa sœur ou sa tante, en sachant qu’elle ne nous reconnaît pas, c’est difficile, mais nous, nous les connaissons et nous savons qui ils sont. Lorsque j’allais voir ma belle-mère elle me présentait au personnel comme étant sa fille. Cela me gênait par rapport à ses filles, puis j’ai cessé de m’expliquer, le personnel savais qui j’étais, la famille aussi, alors je laissais faire pour éviter une colère, une gifle ou tout autre désagrément.

Son plus grand plaisir c’était lorsque je venais avec « vanille », une lapine naine (soi-disant mais qui pesait quand même 6kg), elle adorait l’avoir sur les genoux ou près d’elle dans son lit, elle passait des moments de tendresse, elle repensait à Fakir, son chat blanc.

J’ai passé ma formation de zoothérapeute à Colmar et mon formateur m’a dit : « Marie-Hélène, vous avez fait ça toute votre vie », j’ai été entourée d’animaux depuis mon plus jeune âge, mais ma première patiente, celle qui m’a tout appris, c’est Renée, ma belle-mère et je ne lui en serais jamais assez reconnaissante.

Je n’ai pas de conseils à vous donner, mais vivez ces instants comme un cadeau, vous apprendrez peut-être, l’espace d’un instant un moment de leur vie que vous ne connaissiez pas. N’essayez pas de les faire revenir dans ce monde, ils ne pourront pas le faire, ils se mettront en colère et se montreront très agressif, non, laissez faire, laissez-vous vous emporter dans leur délire, vous savez qui ils sont, c’est tout ce qui compte, laissez la vie faire le reste et profitez de l’instant présent, tout le monde y trouvera son compte.

Marie

Présentation des animaux aux nouveaux participants de la maison de retraite "le balcon des Alpes" à Lalouvesc avec l'intervention de Marie et d'Isabelle, l'animatrice.